Cambriolage au musée !
Amis artisans d’art, sécurisez vos ateliers !
À mi-chemin entre le bien de prestige (bijoux, montres sacs, 𝘦𝘵𝘤.) et une œuvre d’artiste (peinture, sculpture ou banane), les 𝒄𝒓𝒆́𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏𝒔 𝒅’𝒂𝒓𝒕𝒊𝒔𝒂𝒏𝒂𝒕 𝒅’𝒂𝒓𝒕 incarnent par leur rareté (pièce unique en général) et leur valeur (matières précieuses bien souvent) une 𝒂𝒖𝒕𝒓𝒆 𝒆𝒙𝒑𝒓𝒆𝒔𝒔𝒊𝒐𝒏 𝒅𝒖 𝒍𝒖𝒙𝒆 qui attise bien des convoitises.
La preuve déplorable : les 20 et 21 novembre derniers, des oeuvres du patrimoine artisanal ont été volées lors du cambriolage de deux sites.
Au Musée Cognacq-Jay à Paris, quatre individus armés de haches ont dérobé sept tabatières présentées dans le cadre de l’exposition 𝐿𝑢𝑥𝑒 𝑑𝑒 𝑃𝑜𝑐ℎ𝑒. Certaines d'entre elles avaient été prêtées par des collections royales anglaises, une par le Victoria and Albert Museum et deux par le Musée du Louvre.
Cette exposition —dont l’intitulé fléchait en quelque sorte le méfait— proposait une sélection exceptionnelle d’artefacts de petite taille, ornés d’or, de nacre, de pierreries précieuses ou d’écaille de tortue, mettant en oeuvre les plus fins savoir-faire comme la ciselure, l’émaillage ou le guillochage.
Fruits du développement des métiers d’art et de l’essor des arts décoratifs au XVIIIe siècle, ces pièces sont emblématiques de l’extrême raffinement du quotidien des aristocrates de l’époque. Cachées au creux des poches, elles participaient de la culture des apparences et des enjeux de distinction sociale.
Le butin est évalué à environ 1 million d’euros.
Au Musée Hiéron à Paray-le-Monial, une partie des 138 statuettes chryséléphantines de l’oeuvre 𝑉𝑖𝑎 𝑣𝑖𝑡𝑎𝑒 de l’orfèvre Joseph Chaumet a été volée par des individus armés de fusils.
La sculpture monumentale de 3 x 2,70 mètres figure des scènes finement taillées et ciselées de la vie de Jésus. La colline pesant 3 tonnes est composée de marbre, d’albâtre, d’onyx et de bronze, tandis que les figurines sont en ivoire et or. La scène de la Trinité est composée d'argent doré et patiné et de cristal de roche et l’Eucharistie de platine, ainsi que de 195 diamant et 288 rubis.
Réalisée en 1904 par le célèbre orfèvre-joailler de la place Vendôme, cette oeuvre a été exposée dans les salons de la maison Chaumet jusqu’en 1993, accessible seulement à quelques visiteurs privilégiés. Classée «Trésor national» en 2000, elle avait été acquise en 2005 par la ville de Paray-le-Monial avec l’aide du Fonds national du patrimoine et du Fonds régional d’acquisition des musées de France.
L’oeuvre est estimée entre 5 et 7 millions d’euros, le butin encore non communiqué.
Bref, un désastre pour ces musées, les propriétaires et les amoureux de ces trésors du savoir-faire artisanal.
Et de frémir rétrospectivement en repensant aux fabuleux 𝑇𝑟𝑒́𝑠𝑜𝑟𝑠 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑅𝑒𝑛𝑎𝑖𝑠𝑠𝑎𝑛𝑐𝑒 de la collection Al Thani que j’ai vus exposés en mai dernier à l’Hôtel de la Marine…